Nous aider
Nous aider
Nous aider

Présentation du comité de soutien Liberté pour Cécile le 22 novembre à Strasbourg

22.11.2022
Par Noémie Kohler

Demain, cela fera 200 jours que notre fille, notre sœur, notre amie Cécile est détenue arbitrairement en Iran.

200 jours que nous sommes sans nouvelles, qu’elle est coupée du monde extérieur, ayant sans doute comme seuls contacts humains celui de ses geôliers et de ses interrogateurs.

200 jours qu’elle est privée d’avocat indépendant, que l’accès consulaire lui est refusé, et qu'elle n'a pas eu le moindre contact avec sa famille.

200 jours qu’elle a rejoint la triste liste des otages d’État en Iran et que ses droits fondamentaux sont niés.

Cécile est inaccessible, nous ignorons toujours son lieu de détention.

Nous ignorons tout de son état de santé physique et psychologique, si elle mange à sa faim et si elle a accès à des soins médicaux.

Nous ignorons dans quelles conditions elle dort et dans quelles conditions d’hygiène elle est détenue.

Nous ignorons si elle a accès à des livres.

Les témoignages d’autres otages d’État nous laissent présager le pire. Selon une résolution adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 17 décembre 2015, l’isolement cellulaire prolongé - pendant une durée de plus de 15 jours consécutifs - correspond à de la torture et doit être interdit. La même résolution indique que le recours à cette pratique est strictement interdit pour les femmes et les enfants. Tout porte à croire que Cécile est soumise à l'isolement cellulaire depuis presque sept mois.

Le 6 octobre dernier, la télévision d’État iranienne a diffusé une terrible vidéo, mettant en scène de faux aveux, extorqués à Cécile sous la contrainte, une pratique contraire au droit international. La vidéo est montée de toute pièce, et les propos qu’on lui fait tenir sont grossiers, absurdes, et contraires à ce qu’elle est profondément, et aux valeurs qu’elle défend depuis toujours. Les accusations portées contre elle n'ont aucun fondement. Cette vidéo a été un choc d’une violence inouïe pour nous. Après plus de cinq mois sans nouvelle, elle vient concrétiser ce que nous redoutions, Cécile est de toute évidence soumise à une pression psychologique inhumaine. Si elle apparaît maquillée sur certains plans, sur d’autres nous la retrouvons amaigrie, épuisée et apeurée. Sa voix est parfois tellement déformée que nous avons du mal à la reconnaître. Ces images sont insupportables.

Nous avons besoin de rompre le silence. Nous avons besoin de la soutenir et de remuer ciel et terre pour qu’elle revienne auprès de nous. Nous avons donc monté un comité de soutien Liberté pour Cécile.

Par la communication, nous nous accrochons à la chance, aussi infime soit-elle, que nos actions lui parviennent. Nous sommes persuadés que si elle apprend qu’elle est soutenue par sa famille, par ses amis, par ses collègues et par ceux qui, sans la connaître, nous aident dans cette épreuve, cela pourra l’aider à tenir pendant sa détention, et à se reconstruire à son retour. Nous voulons également empêcher qu’elle tombe dans l’oubli et nous voulons défendre son image.

Cécile est venue en Iran en amie. Elle rêvait depuis des années de visiter ce grand pays qui la fascinait par sa beauté et sa culture. Elle était ravie de s'y rendre et elle nous a annoncé son voyage avec beaucoup de joie. Cécile est une citoyenne du Monde, elle a beaucoup voyagé, elle a un besoin infini de se cultiver, à travers ses lectures et ses rencontres. Elle est solaire, elle aime la vie, la fête, la danse et les gens. Elle est profondément humaniste et altruiste. Elle a choisi la voie de l’enseignement et du syndicalisme car elle est animée par son engagement auprès des autres. Elle est toujours présente pour sa famille, ses amis et ses collègues. Cécile fait partie de ceux qui s’investissent au quotidien pour faire avancer le monde dans le bon sens. C’est une femme merveilleuse, intelligente, passionnée et courageuse.

Cécile Kohler, enseignante détenue arbitrairement en Iran

Nous pensons sans cesse à elle, angoissés à l’idée de ce qu’elle subit. Nous ne retrouverons ni le bonheur, ni la paix tant qu’elle ne sera pas de retour parmi nous. Mais nous nous accrochons et nous nous battrons pour elle jusqu’à son retour.

C’est l’occasion pour nous de remercier toutes les personnes qui nous soutiennent et qui nous aident dans cette épreuve. Nous leur en sommes infiniment reconnaissants.

Nous pensons très fort à Jacques, son compagnon et notre ami, et à ses proches. Ces derniers ne souhaitent pas s’exprimer, nous ne répondrons donc à aucune question le concernant. Nous envoyons également tout notre soutien à Fariba, à Benjamin et aux autres otages ainsi qu'à leur famille.

Tous nos communiqués